Ce matin, comme une ou deux fois par semaine, je suis allé au RAC, ce fameux lieu où tout peut arriver. Ces enfants, ces familles, ces personnes âgées ramassées dans les rues comptent parmi les populations les plus pauvres Manille. Résidant dans des bâtiments insalubres, ils n'ont souvent que leur sourire ou leurs larmes pour exprimer leur désespoir. Pour les handicapés, la situation est insoutenable, devenus la cible des autres pensionnaires pour qui ils deviennent des souffre-douleurs.
Depuis de nombreuses années les volontaires de la fondation se succèdent pour améliorer le sort de ces populations. Parmi elles, les personnes âgées sont les plus vulnérables.
Elles sont ce jour une vingtaine, allongées sur les planches en bois, dans le dénuement le plus complet. Au milieu d'elles, les volontaires lavent les corps décharnés des personnes dites âgées, à savoir entre 30 et 45 ans, qui a défaut d'atteindre un âge avancé sont abîmées, usées par la vie de la rue. Souvent, elles ne peuvent se déplacer. Parfois elles sont gagnées par la folie. Au bout du rouleau, elles terminent souvent leur vie ici au RAC.
Ainsi, dimanche dernier, vers 3h du matin, Lucienne s'est eteinte dans l'indifférence générale, restant 12 heures oubliée. À leur arrivée lundi matin, les volontaires ont nettoyé la place de Lucienne. Ils y ont mis un bouquet de fleurs, ainsi que quelques bougies. Pour que Lucienne ne soit pas oubliée.
Des soins leur sont prodigués par l'infirmière détachée de la fondation. Les volontaires, qui passent beaucoup de temps à discuter avec eux pour les sortir de leur solitude, sont d'une aide inestimable pour améliorer leur quotidien.
Voici donc le combat quotidien qui se livre au RAC pour tenter d'humaniser un lieu où la misère humaine est encore bien trop palpable. Je vous décrirai au fil du temps les avancées, les défis, les problèmes auxquels font face notre équipe du RAC, ainsi que quelques points sur les différentes populations qui y résident et que nous tentons d'aider.